i. gamin normal et ordinaire, à l'intelligence moyenne et les prouesses athlétiques inexistantes. ne le différenciait des autres que son attitude joviale et insouciante qui lui a valu tous ses amis. excentrique et fantasque, il a toujours attiré l'attention, su captiver les regards et divertir de sa présence. on l'admire et on l'adore, l'érige comme statue qu'on frotte pour se porter chance jusqu'à ce que la surface s'use et qu'on perde tout intérêt. évidence à laquelle il a refusé de se rendre pour continuer de briller : ce qui se trouve en-dessous n'a jamais intéressé personne.

perfectionniste, intransigeant envers lui-même, écrasé par la pression de devoir être à la hauteur tout en sachant que ce ne sera jamais assez. toute sa vie devient alors caractérisée par l’excès, que ce soit d’efforts ou de vices. fils parfait côté pile, nymphe chaotique côté face, les deux sont indispensables l’un à l’autre, se rejoignent pour garder un équilibre précaire et former une pièce rouillée qui n’a jamais eu grande valeur. il s’efforce d’ignorer cette immonde voix interne qui lui rappelle qu'il n'est pas à sa place pour continuer sa lutte à s'en faire une et, même quand il réalise qu’on rit de lui et non avec lui, il ignore le malaise et la tristesse qui s’insinuent en lui, continue les plaisanteries et garde le sourire.

les louanges et l'attention d'autrui lui sont vitaux et il continue à les chasser, se lie aux mauvaises personnes et se laisse pousser dans les vices pour avoir des sourires en retour. il enchaîne les escapades mouvementées et les nuits blanches à étudier pour à la fois garder ses amis et rendre ses parents fiers. petit à petit, il se perd à ce rôle dont il dépend pour assouvir sa soif d'attention et s'alléger du poids des attentes, mais qui lui enlève un peu plus à chaque performance. sous ce masque qu'il ne peut pas se permettre de retirer, ses propres traits s’effacent.
et souvent, kang ne se reconnaît plus

ii. livre ouvert que rien ne gêne trop pour en parler, que ce soit des récits de ses pires aventures d'un soir ou de toutes les fois où il a failli mourir de façons diverses ; kang a toujours eu une tendance à l'oversharing quand il s'improvise conteur pour amuser. il rentre dans tous les détails les plus crus sans qu'on lui demande et lâche des anecdotes terrifiantes sans prévenir. source de puissance qui fait qu'aucun secret ne peut être utilisé contre lui car il n'en a tout simplement pas ; telle est l'impression qu'il donne, la couverture derrière laquelle il se cache. ses vulnérabilités restent bien à l'abri et, quand il arrive à ses limites, il se brise souvent en silence et recolle les morceaux sans que jamais on ne s'en rende compte. de ses cauchemars éveillés il ne dit rien jusqu'à ce qu'assez de temps passe pour qu'ils perdent en gravité et ne soient plus que des anecdotes.

souvent, on ne connaît de lui que ce côté excentrique et chaotique mais, derrière celui-ci a toujours existé un esprit rêveur qui voit la beauté et la poésie partout. sensible – parfois à l’excès, il est à l’écoute des histoires d’autrui et n’offre aucun jugement, peu importe ce qu’on lui raconte. perspicace et intuitif, il comprend sans mots et offre le réconfort sans qu’on le lui demande. kang, c’est quelqu’un sur qui on peut se reposer inconditionnellement, redonnant de cet amour auquel il n’a jamais réellement eu droit.

iii. amoureux de sensations fortes, cette intrépidité monte en intensité lorsqu'il s'agit de se battre pour ses proches. aucun mélange plus dangereux que celui de son amour du risque et son amour de ses amis ; il n'y a rien qu'il ne ferait pas pour eux et ils savent tous qu'il vaut mieux ne pas lui donner de détails en se plaignant de quelqu'un à moins de vouloir qu'il crève ses pneus, mette le feu à sa maison, couche avec son époux, vole son chien ou all of the above. rancune impitoyable qui n'a d'égal que sa loyauté : il ne pardonne jamais, mais il n'oublie pas le bien qu'on lui fait non plus et il est toujours prêt à rendre la pareille.

iv. victime de sa propre bonté, on l'a souvent piétiné, exploité. alors kang a érigé les murs pour se protéger et est devenu homme au comportement félin, aussi volage qu'un chat errant mais aussi doux qu'une bête domestique. insaisissable comme une ombre, il est difficile de mettre la main sur lui à moins de savoir le toucher aux bons endroits. ses sensibilités se cachent derrière des yeux sournois et une attitude inscrutable, restent à jamais un secret bien gardé qu'il ne se permettra jamais d'exposer de peur que sa propre vulnérabilité ne le détruise. elles ne sont pourtant pas si difficiles à trouver, quand on regarde au-delà de la façade insolente qu'il met en place pour se protéger. tel une plante d'intérieur, il se fane dès qu'on le prive d'attention et s'empresse d'aller la chercher ailleurs. kang a besoin de se sentir désiré à tout moment ; son amour-propre en dépend et s'il courra rarement après quelqu'un qui l'ignore, il s'accrochera à quiconque lui donne l'impression d'être important, que ce soit en bien ou en mal.

v. retour à hanseo après plusieurs années d'exil à l'étranger, l'université de namsong comme cage dorée pour s'assurer qu'il ne déviera pas de sa dernière ligne droite ; les ardeurs se sont calmées et mener sa réussite jusqu'au bout devient sa priorité. comme s'il était une toute nouvelle personne, kang rouvre les yeux sur ce monde et elle comprend pourquoi les nouveaux-nés crient à sa découverte : prison étrange, tout semble si inconnu, peu familier, même les paysages qu'il a passé des années à apprivoiser. c'est comme se regarder dans le miroir ou répéter un mot jusqu'à ne plus le reconnaître.

kang n'a pour ancre que la hargne et l'aliénation qui l'enveniment, seuls sentiments qui l'animent quand il regarde autour de lui. tout va vite, trop vite ; la tête ici et ailleurs, partout et nulle part à la fois. autour de lui le monde existe sans jamais interagir avec lui, comme un corps étranger qui n'est pas censé en faire partie.

et parfois il ne sait pas s'il est vraiment là.