☽☽☽☽ mégot écrasé, à même la surface marbrée de l’ossature du balcon, alors que ses pieds pendant tranquillement dans le vide. ça a toujours été son safe haven, loin des éclats de ses parents à débattre de son avenir ou les chamailleries de son frère et sa sœur. les friandises ont été troqué pour un paquet de clope et une bouteille de single malt, et autour de lui, il n’y avait plus que le silence. parfois, la chaleur de la maison familiale lui manque, maman qui ne cesse de se plaindre qu’il devrait revenir, papa qu’il côtoie déjà assez au travail, le gouffre qui se creuse de plus en plus entre lui et  son frère, les messages parfois inquiets de sa sœur. parfois, iseul se sent faiblir, les lèvres tremblantes d’envie d’accepter, avant que la réalité ne le rattrape. il ne pouvait les laisser consumer plus de sa liberté bridée.

☽☽☽☽ quotidien infernal, il y’a ce corps qu’il brûle au-delà de ses limites. des aubes passés dans des promenades silencieuses pour préserver une certaine sanité, des journées au côtés de son paternel à organiser son emploi du temps et se prouver qu’il n’est pas l’échec qui se reflète dans les iris de l’homme à chaque seconde où il sent son regard sur lui,  des soirées ivres et colorées parmi des visages flous censés être ses amis les plus proches. iseul parle beaucoup sans jamais rien partager, son rire est fort, sa voix toujours empreinte de chaleur quand il s’adresse à autrui et ses bras ouverts à quiconque lui montre de l’intérêt. et parfois, entre cette rafale, il retrouve le temps de renouer avec son premier amour ; le grand piano abandonné dans un recoin, apprendre à en jouer plus jeune avait longtemps été le seul choix qu’il ait jamais fait.

☽☽☽☽ confessions à demi-mots, soutirées presque de force à sa gorge brûlante. pour la première fois, il avait réalisé que maman n’était pas juste des syllabes soufflées par habitude pour l’appeler ; elle l’aimait, le connaissait, l’acceptait. elle avait vu ses tourments derrière les sourires à son retour de yale pour noël. alors iseul lui a confié ce qui le brisait de l’intérieur, sa rupture récente et douloureuse. deux ans de relation dont il avait préservé le secret par peur du jugement et il sent encore l’étreinte maternelle l’étouffer en réponse. « j’imagine que c’est toujours mieux que d’être un criminel ou un drogué. » avait murmuré papa de sa voix stoïque quelques jours après, lui aussi était au courant à présent. des années après, quand sa naïveté d’enfant avait disparu, iseul avait compris que la tolérance que lui avait exprimé ses parents n’était muée que par la présence de son frère et sa sœur, ils avaient déjà leurs enfants parfaits, moulés à la hauteur de leur ambition, ce n’était pas si grave si lui était cassé.

☽☽☽☽ des passions aussi dévorantes que passagères, il est un enfant avec une black card entre les mains. iseul ne s’est jamais rien refusé, collectionne et abandonne. il n’a jamais rechigné à faire payer à ses parents tout le contrôle qu’ils exerçaient dans sa vie, et dépense sans limites. des montres et bijoux, aux voitures et motos. sa plus récente lubie est de toujours essayer de réparer lui-même sa voiture, ou créer de nouveaux problèmes à forcer de trafiquer le moteur de ses manches retroussées et ses mains souillées.