I'd be lying if I said losing you was something I can handle. Des mots balancés sur un carnet aux pages cornées. Vieilli par le temps. Abimé par la colère et les larmes. Confessions encrées sur le papier pour libérer le coeur de ce fardeau. Des secrets abandonnés pour défier les monstres qui guettent dans l'obscurité. Alors il jette son sac sur son épaule, attrape la crosse près de la porte avant de la claquer. Il est temps de vivre

Once upon a time, I was innocent.

Cancer. Un mot inconnu. On aurait bien pu lui dire « ornithorynque ». La pureté d’un enfant, la beauté de l’ignorance. « Où est papa ? » Une question trop souvent posée. Une de celle qui arrache le cœur. Provoque un torrent de larmes. « Il est parti. » « Où ? » « Dans les étoiles. » Les nuits passées sur le rebord de la fenêtre dans son pyjama Spiderman, les yeux rivés sur la voie lactée, dans l’espoir de l’apercevoir. Ce père dont il avait oublié le visage.

Années difficiles à l’école. Lui le garçon aux yeux bridés, lui avec ce nom différent. Une haine pour ce qui ne nous ressemble pas. Les bousculades dans les couloirs, les livres de son casier abimés, les vêtements volés dans le vestiaire. Les coups derrière le gymnase. Une tâche de naissance tellement brimée aujourd’hui dissimulée sous une couche de maquillage. « Alors t’as mangé ton chien ? » « Moi aussi je sais parler chinois TCHING THONG TCHONG » « Souris pas sinon on voit plus tes yeux. C’est trop bizarre. » La honte. La peur. Jusqu’à pousser la porte de la patinoire. WOW.

Né pour avoir des patins aux pieds. Une aisance presque insolente. La passion née du hasard. Enfin les prémices d’une envie de vivre. Intégrer une équipe, s’appuyer sur un coach, second père. Lui qu’il voulait rendre si fier. Tout abandonner pour traverser l’océan. L’inconnu. Suivre maman parce qu’à quatorze ans, on n’a pas le choix. Sourire perdu, idées noires. Un silence qui inquiète. Qui fait peur. Peut-être qu’il n’a plus envie, d’avoir une crosse à la main.

And in the middle of my chaos, there was you.

Lui. Le début de tout. Un talent à couper le souffle. Un regard qui défie le reste du monde. Un prénom gravé dans le cœur. Le garçon plus âgé aux cheveux longs et à la pommette amochée. « Qu’est-ce que t’attends ? Tu vas pas resté planter au bord. A moins que t’aies la trouille. » Une provocation. La mâchoire serrée, il les enfile enfin, les patins restés trop longtemps au fond de son sac. Tellement de colère à évacuer. Une seule personne pour le supporter. Ainsi l’histoire a commencé. Une histoire d’amitié. Une histoire d’amour.

« T’es vraiment un tyran Kim Jihun. » qu’il soupire alors que ses fesses s’écrasent sur le banc, la sueur dégouline sous son casque, la main à la recherche d’une bouteille d’eau dans son sac à dos. La respiration rapide, les muscles douloureux. Sa présence à ses côtés, son air rieur. « Tu veux devenir le meilleur ou pas ? Oublies pas que tu seras récompensé si t’arrêtes de te plaindre. » Un baiser volé, naturellement, au milieu de la patinoire vide. Pas une simple amourette. Une putain d’évidence.

BOOM.BOOM.BOOM Le cœur qui raisonne dans la boîte crânienne, le corps paralysé par la peur. BOOM.BOOM.BOOM Il ne se relève pas Jihun. Allongé sur la glace, le sang souillant sa pureté. « Il ne se réveillera pas. » Des mots qui raisonnent encore dans son esprit. Le déni, d'abord. Puis la rage. L'absence, le silence, le manque. L'envie de crever qui prend aux trippes. Il n'était plus là.

I'm losing track
But it's helping me to slow down
I need you to come back
There is much power in your words

You told me
Honor your goals
You told me
Enjoy the road
It is not a sacrifice
To save your health
It has no price

You told me
To let it go,
I know I'm not a daredevil
I will take all your advice
When the wind starts to rise
I'll be there

NUMERO 79 Hommage à celui qui aurait dû vivre. Maillot qu'il porte avec fierté pour ne jamais oublier. Un rêve qu'il doit réaliser. Et peut être que parfois, lui aussi, il le cherche au milieu des étoiles.