17:30 un grincement. le bruit sourd de la mini scie puis celui plus clinquant du fer, la pulpe de ses doigts qui s’enracine de chaque côté de la pierre précieuse. elle contemple son travail sans pouvoir réprimer son regard de s’égarer sur ses propres doigts, les phalanges aux nombreux pansements et ses ongles striés et inexistants, parfois des faux-ongles pour cache-misère quand elle est invitée à des soirées importantes. enfile au moins des gants, souffle de sa mère qui, parfois, la rejoint dans son atelier quand son absence se fait trop longue, aucun homme ne voudra jamais de toi avec ces mains-là. mais elle aime la sensation brute des pierres contre sa peau. - aucun homme. elle hoche silencieusement de la tête. aucun homme n’a jamais trouvé grâce à ses yeux, ça la ronge de l'intérieur, elle sait qu’elle ne pourra jamais guider le cri de vérité en dehors de sa gorge. pourtant, il y'a un homme qui a voulu d'elle, et ça n'a jamais fait taire les remarques.

02:20 elle est sujette à des crises d’insomnies depuis bientôt cinq ans. si au début, elle n'y voyait qu'une chance de se tuer plus longtemps au travail sans être importuné par le sommeil, le déficit d'attention que cela lui cause sur le long terme attise son irritation. l'esprit facilement ailleurs, les yeux qui se dérobent alors qu'elle conduit ou qu'elle manie des outils tranchants, résultant en plusieurs blessures. elle suit un traitement, peu fructueux jusqu'à présent. la fois de trop a fini en une longue hospitalisation après s'être soudainement endormie au volant de sa voiture et une période de convalescence encore plus douloureuse. elle est interdite de conduite par sa famille depuis mais n'hésite pas à transgresser cette régle. tu veux me contrôler toi aussi ? voix culpabilisante avec laquelle elle tait l'inquiétude de son mari à chaque fois qu'il la voit clefs en main.

14:56 regard noir. elle déteste le contact, s'il ne pas d'une personne appréciée. il suffit qu'une main inconnue se pose sur son avant-bras ou son épaule pour que la colère éclate. traumatisme profond à l'origine méconnue, surement volontairement oublié. elle creuse la distance. ses excès sont toujours acceptés de part sa position et l'illusion n'a jamais eu à être parfaite, elle est la fille de son père, façonnée à son image, perfide et matérialise. même s'il n'a jamais su réellement juger son potentiel.

22:05 les dernières silhouettes quittent la boutique et son regard tombe délicatement sur toutes les fleurs éparpillées à chaque recoin et quelques bougies encore allumées sur lesquelles elle vient souffler l’une après l’autre, parmi elles un vingt-sept dorée qui la fait doucement sourire. ses employés avaient insisté pour lui organiser une petite fête avant qu’elle ne se rende à la villa des seol plus tard dans la soirée, elle les voyait encore lui sourire, l’entourer et lui souhaiter une longue vie. son cœur tremble étrangement, il gronde tout bas sans qu’elle ne le comprenne. robyn ne sait jamais ce qu’elle ressent réellement, comme si elle et ses sentiments avaient cessé de s’entendre le jour où elle avait tiré un trait sur la seule personne à l’avoir réellement rendue heureuse. happy birthday, les bras de son homme sont un refuge qu’elle rejoint et sa main dans ses longs cheveux blonds l’apaise progressivement. i feel like shit. seule certitude.