picture perfect, loves to be loved, comfort expertise : awkward pats on the head, yearning, get me one of those girly drinks, sore loser, teacher's pet, prideful, temptation is making me burst at the seams, preppy, ice cream afficionado, please let me be the apple that fell far from the tree, pretty little pills, didn't get the joke and my dumb face made it obvious, nervous laughter, mommy's boy, fake it til you make it, no time for your excuses, nothing denial can't cure, poor eyesight, clenched fists, the fluttering of snow, sleepless nights, look at me i'm shining, "Alexa play Under Pressure by Queen", IV drip of caffeine, no one bothers to scratch the surface, is not being unhappy enough?

✩ˎˊ˗ show me a hero and I'll write you a tragedy

tiny fractures l'univers lui avait fait le don d'un compagnon éternel; là pour ses premiers pas sur Terre et predestiné à se trouver à ses côtés pour toutes les premières étapes intimidantes de sa vie d'enfant. Mais Miran n'avait sur le papier pas d'inquiétudes à avoir; couvé par le regard attentif d'un grand frère dédié à son rôle et les compliments d'une mère soulagée de sa docilité. Il aurait été bien incapable de cerner le contexte malavisé et compliqué de leur naissance; un dernier Hallelujah à qui l'on avait confié la pérennité d'un mariage.

lesson learned Lorsque leur mère arriva au bout de sa tolérance et fractura leur famille sans un regard en arrière, il ne traversa pas l'esprit de Miran d'en porter la responsabilité. Des souvenirs embués de cette période, il ne conservera que les remarques et regards méprisants d'une mère pour une forme banale de médiocrité. Et de là, une crainte discrète d'être dénigré et abandonné de la sorte pour un manque d'ambition ou de succès s'était faite une place dans son subconscient, alimentant des décisions futures et cimentant une condamnation expéditive pour un père qu'il troqua bien vite au profit d'un autre.

starting anew Il y avait une appréhension naturelle à débarquer dans un nouveau pays, loin de ses repères et amis. Mais Miran n'aurait osé faire tout un caprice face à une décision qui n'attendait certainement pas son approbation. Il préféra voir la chose comme une aventure; une anecdote de plus dans la vie grandiose qu'il s'était promis de mener. Et le pari avait été majoritairement gagnant. Le sourire était revenu sur le visage de sa mère, scintillant face à la figure imposante et fascinante de celui qui allait devenir son nouveau mari. Celui qui allait leur ouvrir les portes d'un monde qui laissa des étoiles dans les yeux de l'enfant qu'il était. C'est avec une simplicité honteuse qu'il se glissa dans ce nouveau moule; une nouvelle patrie, un nouveau père, une nouvelle chance.

slowly falling apart Le monde se voulait fasciné les jumeaux, leur attribuant de nombreuses mystiques et singularités. Miran aurait été incapable de décrire de manière éloquente la particularité de son lien avec son frère. Comment pouvait-on verbaliser en termes concrets la dépendance et affection foudroyante pour cette moitié de son âme, sans ignorer le besoin aliénant d'affirmer sa propre identité ? Il lui fallait observer au quotidien le reflets de ses traits, déformés autour de mimiques qui ne lui appartenaient pas. Il lui fallait sourire poliment face à des discours qui les englobaient tout deux par réflexe, expéditifs et agaçants. Il ne fut donc pas surprenant que Miran, perdu dans l'âge ingrat de la puberté, se plaise à explorer sa propre individualité. Il s'était attendu à ce que Saeran en fasse de même au lieu de rester dans son orbite, comme pour glaner ses nouveaux amis et intérêts par effet de symbiose; une attitude qui avait provoqué des remarques plus blessantes qu'il n'en avait conscience.

what's not to like Miran ne fait pas de vagues. Elève exemplaire, de nature joviale et avenante, il n'avait jamais été assez percutant ou espiègle pour risquer la vexation ou animosité de ses camarades. Accablé d'une certaine naïveté et d'un manque affligeant de répartie, il lui avait été plus simple de naviguer les eaux de la vie sans recherche de conflit. Un enfant modèle devenu avide de toute forme d'éloges et incapable de supporter qu'on ne puisse l'apprécier. Il s'était condamné à revêtir un masque placide et changeant, prêt à s'adapter à toute nouvelle forme d'audience, désintéressé de mettre en avant ses véritables intérêts et envies. Et ça lui va comme ça.

meant to be bien sûr qu'il l'aime, comment ne pourrait-il pas après ces années passées ensemble? Elle était belle et douce, un rire cristallin aux lèvres et le rouge aux joues, et Miran s'était figé face à la réalisation qu'il allait devoir apprendre à flirter. Elle avait été indulgente face à sa maladresse et c'est avec sa meilleure interprétation du romantisme qu'il s'était promis de frôler l'excellence dans ce domaine là également. Fille de bonne famille, elle portait ses propres attentes familiales sur ses épaules. Il n'y avait pas de place pour une forme toute particulière de passion dans la vie pleine d'exigence et d'impératifs qu'ils menaient tout deux. Mais dans ce quotidien loin d'être spontané et fun, leur relation est confortable, sans prise de tête. Et comme tout aspect de sa vie, il se garde bien de chercher plus loin. S'il existe un grand amour plus fort que ça, il n'a pas le temps à y consacrer.

tic toc, tic toc Miran se conforme aux attentes sociétales, conscient des années qui passent et des étapes qu'il se doit d'accomplir à chaque passage du calendrier. La recette parfait pour s'attire le respect et l'envie de sa famille et ses pairs. Il les a toutes en tête; une liste rationnelle prête à lui dire dans quelle boîte se faire embaucher et quand mettre un genou au sol, sans penser (ou oser) se soucier de si ça le rend vraiment heureux.

the green monster S'il s'efforce de projeter cette image, Miran a parfaitement conscience de ne pas mener la vie parfaite. Si la pression et l'anxiété de son cursus et ambition se manifestent suffisamment pour prendre forme corporelle, Miran ne garde jamais loin de son esprit le fossé qui existe entre Saeran et lui. Ca le travaille, une bribe de malaise qui le percute sans crier garde lorsqu'il réalise le temps écoulé depuis sa dernière conversation avec son jumeau. Privé d'une véritable confrontation, Miran ne saurait décrire les reproches concrets que Caleb lui fait. Oh, les siens il les connait parfaitement. Il y avait cette manière que Saeran avait eu de s'éloigner de leur famille volontairement, tel un caprice censé les pousser à lui courir après. Cette manière qu'il avait eu de se satisfaire de la médiocrité alors qu'il avait les capacités de faire tellement plus. Et Miran savait aussi ce qui le retenait de faire un pas en avant. L'orgueil qui lui interdisait de s'excuser pour ses réussites. La honte de se voir reprocher de l'avoir abandonné, lui comme leur père. Et la jalousie sourde et embarrassante d'envier cette liberté et insouciance dont Caleb faisait preuve.